À PROPOS DU LIVRE
Dans le sillage de Bonaparte, plusieurs centaines d’Égyptiens débarquèrent à Marseille en 1801. Ian Coller narre leur installation mouvementée en terre française. Il y voit le creuset d’une « France arabe ». Étonnante aventure qui prit fin en 1831 avec la conquête de l’Algérie. En 1798, le Directoire envoie en Égypte une armée d’Orient, placée sous le commandement de l’encombrant général Bonaparte. Il s’agit de fermer aux Anglais la route des Indes. L’opération militaire se veut aussi scientifique. Alternant brutalité, cynisme et politique des Lumières, Napoléon quitte l’Orient à temps pour éviter l’échec. Il laisse derrière lui ceux qui l’assistèrent dans le projet d’une Égypte nouvelle : fonctionnaires, soldats, commerçants… Plusieurs centaines d’entre eux le rejoindront en 1801 avec femmes et enfants. On les installe à Marseille. Ils y intègrent une petite communauté arabophone venue de Syrie ou d’Afrique du Nord.
Mamelouks, marchands, intellectuels, domestiques… les réfugiés d’Égypte sont de toutes nationalités et confessions, souvent issus des minorités de l’Empire Ottoman mais tous familiers de l’islam politique même s’ils ne sont pas musulmans. Non sans drames et violences se constitue une « France arabe » – c’est-à-dire marquée par la culture arabe – dont l’élite intellectuelle se mêle à celle de l’Empire et de la Restauration, jusqu’à ce que la conquête de l’Algérie redistribue les cartes.
Fondé sur un remarquable travail riche de documents inédits, Ian Coller fait revivre ce choc des cultures, où les incompréhensions et la fascination s’entremêlent. Entre Marseille et Paris voici l’étonnante aventure de lettrés, d’aventuriers, de personnages hauts en couleurs ou très discrets qui, par-delà l’orientalisme, font vivre à la France une première expérience de la diversité.